Tigres au Lion - now Down Under

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samedi 27 août 2011

Fantômes affamés

Vendredi soir, le festival des “fantômes affamés” nous attira à Chinatown pour retrouver des bribes du Singapour traditionnel.



Les célébrations des « hungry ghosts » se déroulent au cours du septième mois du calendrier chinois, entièrement dédié aux esprits des défunts. Pendant ce mois, les âmes damnées, qui ne trouvent pas la paix en raison de leur mort « non-naturelle », errent, libres parmi les hommes (certains singapouriens évitent les piscines, très appréciées des esprits, pendant cette période !).

Pendant un mois, les chinois bouddhistes et taoïstes honorent leurs morts. Par des prières et des offrandes, dans les temples et ailleurs, chacun vient en aide aux âmes de défunts. Pour rendre leur séjour expiatoire en enfer le plus court et le moins pénible possible (chaque âme doit expier ses fautes en enfer avant de renaître), divers types d’offrandes sont coordonnés. Outres les dons classiques en espèce, les croyants achètent des aliments non-périssables au temple et les rassemblent dans une grande urne qui en enverra les bienfaits aux esprits. Dans ce cas, la charité est triple : les bénéfices soutiennent le temple, les aliments collectés sont offerts aux plus démunis (à Singapour, les travailleurs migrants reçoivent l’essentiel des dons des temples) et « l’essence » des aliments a nourri les défunts !
Les aliments de base en vente
à l’entrée du temple

Les écrans plasma du temple promeuvent
leur commerce d’offrandes et d’objets



Les aliments dans l’urne
Enfin, des « sponsors » (généralement les commerces et les restaurants) offrent des objets symboliques (des charbons de bois géants) et des mets typiques (des gâteaux de lotus) pour garnir les temples ou les autels de rue.  
Les restaurateurs du quartier offrent leur meilleur plat à l’autel de rue
Comme lors des funérailles, des « cadeaux » très pragmatiques sont envoyés aux défunts en brûlant des répliques cartonnées d’objets usuels (l’iPhone 5 en carton pour défunts sortira, parait-il, avant celui d’Apple). Par respect de la tradition, la ville assouplit pendant un mois sa politique de verbalisation des détritus et les autorités ferment les yeux devant la prolifération des cendres à tous les coins de rue.
Les objets quotidiens en carton à brûler : à droite, un iPad
Un billet de 100 milliards à envoyer en fumée…
un pourboire
éternel
… de la Hell’s Bank
 
A la fin du mois, les chapiteaux s’érigent autour des temples et dans les quartiers populaires pour abriter des fêtes et des spectacles qui clôturent, dans la bonne humeur, l’hommage aux « âmes damnées ». Lors de ces fêtes, les cadeaux symboliques des sponsors sont vendus aux enchères (parfois très cher car ils portent chance et prospérité) pour financer les fêtes de l’année suivante. Un peu de pragmatisme ne fait pas de tort à la spiritualité !
 

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